Les écrits du fondateur Maître Wang Xiang Zhaï

Voici un extrait d’enseignement du fondateur Maître Wang Xiang Zhaï sous la forme de stances poétiques et décrivant l’essence, les fondements et les effets de la posture ainsi que des conseils dans l’art de la contre-attaque !

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Extraits des Ecrits du fondateur du Da Cheng Chuan / Yi Chuan

Ce document est attribué à Maître Wang Xiang Zhaï qui l’aurait rédigé dans la fin des années cinquante. Que ce soit effectivement un texte écrit de sa main ou consigné par ses plus proches disciples importe peu. Ce qui est sûr, c’est que ce document présente de manière simple et précis les principes fondamentaux du Da Cheng Chuan. Alors, Bonne lecture et bonne pratique !

Ce texte a été traduit à notre demande par Emmanuel Agletiner en 2002. La présente traduction n’est qu’un essai qui mérite d’être amélioré. Aussi, nous prions le lecteur d’être indulgent quant aux erreurs qui pourraient entacher cette traduction et nous espérons que ce travail s’affinera jusqu’à devenir fidèle à l’original.

Introduction

Les nombreuses méthodes qui mènent aux Arts de combat sont divisées en une multitude d’écoles qui se basent sur la pratique des formes-Taolu – avec des mouvements et des règles préétablies. Les formes préétablies ne sont d’aucune utilité dans l’étude du Da Cheng Chuan. Cette Boxe réunit le meilleur des différentes écoles et des différents courants. Le principe de contre-attaque du Da Cheng Chuan demeure avant tout dans l’équilibrage de la force corporelle afin de la rendre homogène. On aboutit finalement à la réunion de la forme et de la force sans que l’esprit et l’intention ne soient conditionnés par une image extérieure. En conséquence, le Da Cheng Chuan se différencie formellement des méthodes de combat pratiquées dans les autres écoles. Il met l’accent sur l’emploi d’une énergie spontanée et non sur une méthode partielle générée par l’homme. Les formes de contre-attaque du Da Cheng Chuan sont extrêmement peu nombreuses. Cependant, la simplicité des techniques cache une grande complexité dans le travail de l’intention. Elles s’appliquent à des situations innombrables car la force qu’elles empruntent est tridimensionnelle. Il ne s’agit pas de la force du point, de la ligne ou du plan comme utilisés dans les autres écoles. Cette force ne peut pas se manifester de façon unilatérale ou partielle. En revanche, elle peut se manifester par une certaine méthode d’expulsion. Maîtriser l’expulsion de cette force globale équivaut en une presque totale compréhension de la technique du combat. L’étude du Da Cheng Chuan n’est pas qu’une question de temps, de méthode d’entraînement suffisamment approfondie ou pas, de condition physique robuste ou non. Il est encore moins question du nombre de principes acquis ou de rapidité des mouvements. En revanche, elle requiert une force tirée d’un total investissement de la personne. Une fois cette force d’investissement profonde acquise, couplée à la méthode d’expulsion de la force dite « tridimensionnelle » (Fali), la voie de la Boxe mène droit à la perfection. Le pratiquant doit s’entraîner tous les jours de cette façon afin d’approfondir la force spontanée. Sans cette régularité dans l’entraînement, il n’obtiendra jamais le véritable Gongfu. On appelle cela « le retour de l’inné sur l’acquis ». Ces enseignements ont pour ambition de présenter la méthodologie de l’entraînement à la force spontanée, ceci dans le but de « réaliser ce qui est intentionnellement irréalisable » et « atteindre le but sans y accorder d’attention ».

Homogénéité et intégralité de la force

La contre-attaque du Da Cheng Chuan met l’importance sur l’homogénéité et la synchronisation des forces. Il faut arriver au niveau où il n’y a plus aucune partie du corps qui reste immobile lorsque celui-ci se met à bouger, où chaque mouvement du corps, même subtil, constitue un mouvement de l’ensemble du mécanisme corporel. Un léger mouvement du petit doigt est alors la conséquence du travail de l’ensemble, du corps. La légère force du petit doigt est, en fait, une force homogène et intégrale du corps. Quel que soit le degré de force ou l’importance du mouvement, il ne faut pas qu’il y ait de blocage dans le corps lors du Fali. Expulser la force sans blocage nécessite une absence totale de points de résistance sur le corps. Si la force n’est plus homogène et intégrale, l’action n’a plus les effets escomptés. Seul, un Fali sans tension, permet à l’intégralité du corps et à la force homogène d’être sauvegardées. Dans ces conditions, la force est homogène. S’il est possible de maintenir constamment cet état, je pourrai répondre instantanément à mon adversaire en expulsant la force à l’endroit même où le contact sera perçu. On dira alors que « la totalité du corps rayonne en permanence ».

Ainsi au moment de la contre-attaque, et quel que soit votre rôle (attaquant qui émet la force ou défenseur qui réplique à la force émise) il ne faut ni orienter votre intention ni vous fixer préalablement sur un but déterminé. Ceci afin de toujours pouvoir réagir à une attaque venant de n’importe quelle direction en lançant une offensive explosive de là où vient l’attaque. Au moment et au point même où l’adversaire prend contact, naît une réaction franche, une sorte d’explosion semblable à une réaction de surprise, jaillissant de manière directe mais de forme arrondie.

L’esprit, l’intention, la force et la forme constitue un ensemble homogène tout comme différents ingrédients réunis constituent un gâteau. Si la force est troublée par une mauvaise structure corporelle, il n’y a alors pas d’homogénéité.

Il faut bien comprendre qu’il existe deux racines à la force, qui doivent être réunies en une seule. La force de résistance de la personne qui se trouve en face est également utilisable. Quand on veut repousser, il faut commencer par absorber car il n’y a pas de poussée sans absorption. En effet, repousser sans absorber est un processus sans résultat. Dans la même idée, quand on veut lever, il faut d’abord abaisser et la gauche est toujours indissociable de la droite.

Toute attaque nécessite donc un soutien en retrait : si la partie avant attaque, la partie arrière défend. On peut évoquer ceci en disant que l’esprit est rond et l’intention carrée, que la forme est courbée avec une intention droite.

Les animaux possèdent tous une force spontanée qui leur est propre et constitue leur première réaction naturelle. Elle est innée et non acquise par un apprentissage conscient. A sa naissance, l’homme possède également cette force spontanée mais il la perd peu à peu tout au long de sa vie. Grâce à un entraînement approprié, l’homme peut récupérer et renforcer cette capacité qui devient alors « sa deuxième force naturelle ». Elle constitue la base fondamentale de la contre-attaque dans le combat. Après un entraînement suffisant, cette force naturelle sortira d’elle-même au moment voulu lors d’un combat. Elle se présentera alors sous la forme d’une force homogène et intégrale. Le type d’entraînement variant selon les individus en fonction de leurs particularités physiques, cette énergie s’exprimera différemment durant un combat. Malgré cette différence, le principe d’homogénéité et d’intégralité sera identique quelle que soit la personne qui l’exprimera.

Les forces qu’utilise le Da Cheng Chuan sont, par exemple, la force explosive, la force spirale, la force d’inertie, la force de levier, la force centrifuge, la force de ressort etc….

L’utilisation d’une de ces forces indépendamment des autres aboutit à une rupture de l’homogénéité. Il s’agit alors d’une méthode partielle et incomplète. Toutes ces forces doivent travailler conjointement et surtout il faut savoir s’approprier la force de l’adversaire.

Toute force naît de la contraction et de la décontraction des muscles générée par le mental. Il n’existe pas d’autre façon de produire une force.

La force homogène et intégrale est formée par les différentes postures statiques (Zhanzhuang), acquise par l’essai de la force (Shili) et enfin perfectionnée par l’entraînement à la contre-attaque (Duanshou).

Cette force intégrale est le principe même de l’art de la contre-attaque du Da Cheng Chuan.

Puissent ces précieux conseils de pratique aider de nombreux pratiquants à suivre la voie qu’a tracée Me Wang  Xiang Zhaï !

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